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#019 La chloroquine ou l’hydroxychloroquine sont-elles efficaces pour prévenir ou traiter l’infection par COVID-19 ?

La réponse à cette question a fait l'objet d'un consensus d'experts.

doigt L’essentiel de la question (mise à jour le 06 Juillet 2023) :

  • A l’heure actuelle, les données disponibles concluent que l’hydroxychloroquine n’est pas associée à une réduction de la mortalité à 28 jours, de l’aggravation de la maladie, ni à une amélioration des symptômes. En revanche, elle pourrait augmenter la durée d’hospitalisation, le risque de recours à la ventilation mécanique invasive, ainsi que le risque de survenue d’effets indésirables liés au traitement
  • Les données disponibles suggèrent également que la chloroquine ou l’hydroxychloroquine utilisées en association avec l’azithromycine ne sont pas cliniquement efficaces pour traiter le COVID-19, ni pour prévenir l’infection chez les sujets à risque.
  • Concernant l’hydroxychloroquine en utilisation seule, plus de 300 études ont vu le jour, mais seulement 35 essais étaient randomisés et contrôlés. Parmi eux, 9 seulement portent sur un effectif de plus de 100 patients. Plusieurs méta-analyses actualisent régulièrement leurs résultats avec les données les plus récentes (par exemple le projet Covid-NMA, porté par l’AP-HP et la collaboration Cochrane: www.covid-nma.com/ ; ou le projet meta-evidence.org, porté par l’Université et le CHU de Lyon ).
  • En l’absence de bénéfice démontré à ce jour, il ne faut pas exposer inutilement les patients à un sur-risque d'évènements indésirables, notamment cardiaques, décrits avec ces médicaments chez les patients atteints de COVID-19.
  • En ce sens, le Haut Conseil de la Santé Publique (HCSP) a d'abord recommandé de ne pas utiliser l'hydroxychloroquine, seule, ou en association à un macrolide, pour le traitement de la COVID-19 chez les patients pris en charge à domicile ou à l’hôpital, quel que soit le niveau de gravité.
  • Puis,  l'OMS et l’Agence Nationale de Sécurité du Médicament et du produit de santé (ANSM) ont décidé fin mai 2020 de suspendre les nouvelles inclusions de patients dans les études cliniques françaises évaluant l’hydroxychloroquine dans la prise en charge de la COVID-19.
  • Enfin, depuis le 21 octobre 2020, l’ANSM a rendu un avis défavorable à la mise en place d’une recommandation temporaire d’utilisation (RTU) pour l’hydroxychloroquine seule ou en association pour le traitement ou la prévention de la maladie COVID-19

doigt Résultats des principales études disponibles à ce jour :

1. Etudes in vitro ou chez l'animal

La chloroquine, un antipaludique, et son dérivé l’hydroxychloroquine (se reporter à la question #018) utilisé dans certaines maladies auto-immunes, ont montré une activité sur des cellules infectées par le coronavirus SARS-CoV-2 in vitro (donc en laboratoire) (Wang et al., 2020, Cell Research ; Yao et al., 2020, Clinical Infectious Diseases ; Al-Kofani et al., 2020, CPT). Si ces données ont ouvert des perspectives encourageantes, elles ne prouvent pas que la chloroquine ou l’hydroxychloroquine sont efficaces pour la prise en charge des patients infectés. . Ces études ont eu lieu sur des cellules Véro, c’est-à-dire des cellules rénales de singe (cf.  question #169 J’ai vu qu’un médicament avait une activité contre le SARS CoV2 in vitro sur des cellules Vero et pourrait être actif contra la COVID. Qu’en penser ?)

  • Début juillet, une étude publiée dans Nature (Hoffman et al, 2020)  s’intéresse à l’effet de la chloroquine et de l’hydroxychloroquine sur les cellules humaines pulmonaires. Pour ce faire, elle compare l’inhibition par la chloroquine et l’hydroxychloroquine de l’entrée du SARS-CoV-2 dans les cellules rénales d’une part, et dans les cellules pulmonaires d’autre part. Pour entrer dans les cellules pulmonaires, le SARS-CoV-2 est dépendant du gène TMPRSS2, gène exprimant une enzyme, la protéase transmembranaire 2. In vitro, la chloroquine et l’hydroxychloroquine ont effectivement inhibé l’entrée du virus dans les cellules rénales Véro ne possédant pas le gène TMPRSS2. En revanche, aucune inhibition n’a été observée chez les cellules pulmonaires, possédant le gène TMPRSS2. La chloroquine et l’hydroxychloroquine ne bloquent pas efficacement l’entrée du SARS-CoV-2 dans les cellules humaines.
  • Fin juillet, une étude publiée dans Nature (Malsonnasse et al. 2020)  fait part de ses résultats sur l’utilisation de l’hydroxychloroquine chez le macaque au préalable infecté par le SARS-CoV-2. Aucune activité antivirale ni aucune efficacité clinique du traitement par hydroxychloroquine n’a été démontré et ce quel que soit le moment d’introduction du traitement dans le stade de la maladie, et malgré des concentrations plasmatiques élevée d’hydroxychloroquine. Ces résultats sont cohérents avec les résultats obtenus chez l’homme.
2. Principales études cliniques sur l’hydroxychloroquine utilisée seule .

Note: pour une analyse complète, se référer aux sites de métanalyse dynamique déjà mentionnées:   projet Covid-NMA et meta-evidence.org, qui permettent le recueil de l’ensemble des études cliniques portant sur l’utilisation de l’hydroxychloroquine dans le traitement de la covid-19, avec des mises à jour régulières

  • Mi-mars 2020 (Million et al., 2020, Travel Med Infect Dis. ; Gautret et al., 2020, Int J Antimicrob Agents.) : les premières données françaises portant sur peu de patients et sans comparateur (c’est-à-dire un groupe de patients suivis de la même manière mais qui n’auraient pas reçu le traitement), ne permettent pas de conclure quant à un potentiel bénéfice
  • Le 14 mai 2020 (Mahevas et al., 2020, BMJ) : une autre étude française a recueilli les données de 84 patients traités par hydroxychloroquine dans 4 hôpitaux (le traitement a été reçu dans les 48 heures suivant l’hospitalisation), et les a comparées aux données de 89 patients non traités par hydroxychloroquine, sans tirer au sort qui recevrait ou non le traitement (ce qui est une faiblesse méthodologique). Cette étude ne montre pas de différence entre les groupes quant au risque de passage en soins intensifs ou de décès. Environ 10% des patients traités par hydroxychloroquine ont dû interrompre le traitement à cause d’effets indésirables cardiaques.
  • Le 14 mai 2020 (Geleris et al., 2020, NEJM): sur le même principe (comparaison sans tirage au sort), une étude américaine menée chez des patients hospitalisés n'a pas montré de bénéfice clinique, mais a décrit une augmentation de la mortalité chez les patients traités par hydroxychloroquine par rapport à ceux n'ayant pas reçu d'hydroxychloroquine.
  • Le 14 mai 2020 (Tang et al. 2020, BMJ): une étude chinoise intégrant un groupe contrôle (comparateur), avec tirage au sort pour déterminer qui reçoit l’hydroxychloroquine et qui ne la reçoit pas, a inclus 75 patients hospitalisés pour une infection COVID-19 dans chaque groupe. Les résultats ne montrent pas de différence significative entre les groupes concernant la proportion de patients porteurs du virus à 28 jours (résultat principal) ou la disparition des symptômes (résultat secondaire). 
    Chez les patients ayant reçu de l’hydroxychloroquine, 30% ont présenté des effets indésirables. L’évènement le plus rapporté est la diarrhée (10% des patients). Chez deux patients, le traitement par hydroxychloroquine a été interrompu après la survenu d’un effet indésirable (l’un pour trouble de la vision, l’autre pour pharyngalgie nécessitant une ré-hospitalisation)
  • Le 26 mai (Mitjà et al. 2020, Clin Infect dis) : Il s’agit d’un essai randomisé, contrôlé, multicentrique, en ouvert, intégrant 293 patients répartit en deux bras : 157 patients reçoivent des soins standards et 136 reçoivent soins standards en association avec de l’hydroxychloroquine. Les doses reçus sont détaillés dans le tableau récapitulatif des essais, en fin de page. Aucune différence significative n’a été constaté dans la réduction de la charge virale. L’administration d’HCQ n’a pas entraîné ni de réduction de la durée d’hospitalisation ni de raccourcissement du délai de résolution complète des symptômes. Chez les patients atteins de COVID-19, aucun bénéfice de l’HCQ n’a été observé.
    En revanche, 72% des patients recevant de l’hydroxychloroquine ont présenté au moins un effet indésirable (EI) (contre 8.7% des patients du groupe soins standards). Les EI les plus fréquents étaient des troubles gastro-intestinaux (diarrhées, nausées, douleurs abdominales), suivis par des troubles du système nerveux (somnolence, maux de tête, goût métallique)
  • Une étude publié le 16 juillet (Skipper et al.  Annals of Internal Medicine 2020) s’intéresse à l’impact de l’hydroxychloroquine sur l’évolution des symptômes de patients ayant été testé positifs au COVID-19, par PCR mais ne requérant pas d’hospitalisation ). il Il s’agit d’une étude en double aveugle, contrôlée vs placebo. Parmi les 491 patients inclus dans l'étude et symptomatiques, 81 % ont été testés positifs pour COVID-19 par PCR. 244 ont reçu de l'hydroxychloroquine et 247 un placebo. L'évolution de la gravité des symptômes sur 14 jours n'a pas été différente entre les groupes hydroxychloroquine et placebo (différence de gravité des symptômes : relative, 12 % ; absolue, -0,27 point [95 % IC, -0,61 à 0,07 point] ; P = 0,117). Au bout de 14 jours, 24 % (49 sur 201) des participants recevant de l'hydroxychloroquine présentaient des symptômes permanents, contre 30 % (59 sur 194) pour le placebo (P = 0,21). Des effets indésirables des médicaments sont apparus chez 43 % (92 sur 212) des participants recevant l'hydroxychloroquine contre 22 % (46 sur 211) recevant le placebo (P < 0,001). Cette étude conclue en l’absence de réduction des symptômes du COVID-19 chez les patients traités par hydroxychloroquine comparativement à ceux recevant le placebo.
  • Le 23 Juillet 2020 (Cavalcanti. 2020 NEJM) : cet essai contrôlé, multicentrique, randomisé, en ouvert, compare chez 667 patients : soins courants, hydroxychloroquine seule, et association hydroxychloroquine-azithromycine. L’utilisation de l’hydroxychloroquine seule ou en association avec l’azithromycine n’a pas amélioré l’état clinique des patients par rapport aux soins courants avec plus d’effet indésirables chez les patients recevant de l’hydroxychloroquine associée ou non à l’azithromycine. 
    En revanche, plus d’effets indésirables ont été observés chez les patients recevant de l’hydroxychloroquine + azithromycine (39.3%), ou de l’hydroxychloroquine seule (33.7%), par rapport à ceux ayant reçu de l’azithromycine seule (22.6%), L’allongement de l’intervalle Qtc était l’évènement indésirable le plus fréquent chez les patients recevant l’association hydroxychloroquine + azithromycine. L’élévation des enzymes hépatiques était plus fréquente chez les patients recevant l’association hydroxychloroquine + azithromycine.
  • Le 8 Octobre, l’essai Recovery publie ses résultats définitifs (The RECOVERY Collaborative Group; Effect of Hydroxychloroquine in Hospitalized Patients with Covid-19, NEJM). Cette étude conclue que l’hydroxychloroquine n’est pas associée à une réduction de la mortalité à 28 jours. En revanche, elle est associée à une augmentation de la durée d’hospitalisation et à un risque accru d’évolution vers une ventilation mécanique invasive ou le décès. Recovery est un essai randomisé, contrôlé, en ouvert, comparant différents traitements aux soins habituels chez les patients COVID-19. Un total de 1561 patients a été recruté dans le bras hydroxychloroquine et comparée à 3155 patients dans le groupe contrôle (prise en charge standard). 
    Au total, 418 (26,8 %) patients ayant reçu de l'hydroxychloroquine et 788 (25,0 %) patients ayant reçu les soins habituels sont décédés dans les 28 jours (rapport de taux de 1,09 ; intervalle de confiance [IC] de 95 % de 0,96 à 1,23 ; P=0,18). Des résultats cohérents ont été observés dans tous les sous-groupes de patients prédéfinis. Les patients sous hydroxychloroquine avaient moins de chances de sortir vivants de l'hôpital dans les 28 jours (59,6 % contre 62,9 % ; rapport de taux 0,90 ; IC à 95 % 0,83-0,98), et ceux qui n'étaient pas sous ventilation mécanique invasive à l’inclusion avaient plus de risques d’être lis sous ventilation mécanique invasive ou de décéder au cours de l’hospitalisation (30,7 % contre 26,9 % ; rapport de risque 1,14 ; IC à 95 % 1,03-1,27). Il n'y a pas eu d'excès de nouvelles arythmies cardiaques majeures.
  • Le 15 octobre, l’essai Solidarity conduit par l'OMS publie ses résultats en pré-print. Cette étude conclue que l’hydroxychloroquine n’est pas associé à une réduction de la mortalité.  Au total, 954 patients ont reçu de l’hydroxychloroquine. Les ratios de taux de mortalité entre les patients ayant reçu de l’hydroxychlorquine et les patients ayant reçu les soins standards sont les suivants : RR=1,19 (0,89-1,59, p=0. 23 ; 104/947 (bras hydroxychloroquine) contre 84/906 (bras contrôle). Le recours à l’hydroxychloroquine n’a pas réduit le début de la ventilation, ni la durée d’hospitalisation.
  • Le 9 novembre, les résultats de l’étude ORCHID ont été publiés dans le JAMA (Self et al., JAMA 2020) : étude multicentrique dans 34 hôpitaux aux Etats-Unis, en aveugle, contre placebo, dans une population de patients testés positifs au SARS-CoV2 par PCR et nécessitant une hospitalisation. Le but était d’évaluer le statut clinique à 14 jours après randomisation selon une échelle allant de 1 (décès) à 7 (sortie d’hospitalisation et capable de mener des activités de la vie quotidienne normalement). Parmi 479 patients, le statut clinique à 14 jours n’était pas différent chez les patients traités par hydroxychloroquine de ceux recevant le placebo. Il n’existe pas non plus de différence significative sur la mortalité à 28 jours dans les deux groupes (10,4% dans le groupe traité par hydroxychloroquine et 10.6% dans le groupe contrôle). Concernant les effets indésirables, à 5 jours après la randomisation, 50 effets indésirables dont 30 graves sont apparus dont 18 parmi 14 patients dans le groupe traité par hydroxychloroquine et 12 parmi 11 patients du groupe contrôle. Cependant les effets indésirables graves ont été classés par les auteurs comme « probablement sans lien avec l’étude » ou «non liée à l’étude ».
  • Le 02 décembre 2020 Chen et al. (Plos One 2020)  publient les résultats d'une étude multicentrique dans 11 centres à Taiwan, chez des patients présentant une forme d’infection à la covid-19 de faible à modérée et traités par hydroxychloroquine à la posologie 400mg x 2/jour à J1 puis 200mg x1/jour de J2 à J7. D’une part étude prospective sur 33 patients traités par hydroxychloroquine versus 12 patients traités selon les « soins standards » et d’autre part étude rétrospective selon les mêmes modalités chez 28 patients traités par hydroxychloroquine et 9 patients selon les « soins standards ». Le critère de jugement principal était le temps de négativation de la PCR jusqu’à une limite de 14 jours, les auteurs n’ont pas retrouvé de différence significative entre les 2 groupes : 5 jours pour l’hydroxychloroquine versus 10 pour le groupe contrôle avec un p=0.40. A J14, on ne retrouve pas non plus de différence significative entre les 2 groupes sur le taux de négativation de la PCR : 81% dans le groupe traité versus 75% dans le groupe contrôle (p=0.70). Aucun effet indésirable grave n’a été rapporté pendant l’étude.
  • Une étude publiée le 26 janvier 2021 (Perez et al. Annals of Internal Medicine) s’est intéressée aux rapports de pharmacovigilance portant sur les effets indésirables suspectés liés à l’utilisation de la chloroquine et de l’hydroxychloroquine de la base de données de la FDA (FAERS). Parmi 152201 rapports sur la période du 1er janvier 2018 au 30 septembre 2020, 21305 rapports concernant l’hydroxycloroquine et la chloroquine ont été analysés. Cette étude montre un doublement de la signalisation d’effets indésirables en 2020 (11493 versus 5131 en 2019 versus 4681 en 2018), les pays les plus concernés en 2020 étaient parmi les pays les plus touchés par la covid-19 (Canada, Etats-Unis, France, Espagne et Italie). Les effets indésirables rapportés étaient également plus sérieux (entrainant un décès, susceptible de mettre la vie en danger, d’entrainer ou de prolonger une hospitalisation ou une incapacité importante ou durable) et ont plus fréquemment entrainés un décès (5.1% en 2020 versus 3.1% en 2018 et 1.9% en 2019), avec une augmentation notamment des cas secondaires à des complications cardiaques.

3. Principales études sur l’hydroxychloroquine utilisée en association avec l’azithromycine (voir question #036) :

  • Le 11 mai 2020 (Rosenberg et al. 2020, JAMA) : cette étude américaine a comparé les données de patients hospitalisés ayant reçu de l’hydroxychloroquine, de l’azithromycine, ou l’association des deux, aux données de patients n’ayant pas reçu ces traitements. Les patients n’ont pas été tirés au sort pour savoir s’ils allaient recevoir ou non le traitement, et lequel (faiblesse méthodologique). Dans cette étude, la mortalité n’a pas été significativement différentes entre ces quatre groupes de patients.
  • Le 22 mai 2020 (Mehra et al., 2020, Lancet) : une étude observationnelle a tenté de réévaluer le rapport bénéfice/risque de l’utilisation de la chloroquine ou de l’hydroxychloroquine, utilisées seules, ou en association à un macrolide.  attention Du fait de l'expression of concern du Lancet (3 juin)  et de  la rétraction de 3 auteurs (4 Juin 2020), cette étude n’apporte pas de données exploitables.
  • Le 23 Juillet 2020 (Cavalcanti. 2020 NEJM) : cet essai contrôlé, multicentrique, randomisé, en ouvert, compare chez 667 patients : soins courants, hydroxychloroquine, et association hydroxychloroquine-azithromycine. L’utilisation de l’hydroxychloroquine seule ou en association avec l’azithromycine n’a pas amélioré l’état clinique des patients par rapport aux soins courants avec plus d’effet indésirables chez les patients recevant de l’hydroxychloroquine associée ou non à l’azithromycine
  • Une étude publiée en septembre (Furtado et al. 2020, The Lancet) évalue l’efficacité et la sécurité de l’azithromycine dans le traitement des formes graves de patient atteint de la COVID-19. C’est un essai randomisé, ouvert, qui compare un groupe recevant les soins standards (dont faisait partie l’HCQ à l’époque), et un groupe recevant l’association soins standard + AZT. Le critère de jugement principal était l’évolution de l’état clinique 15 jours après randomisation. Chez les patients atteints de COVID-19 grave, l’ajout de l’azithromycine au traitement standard (comprenant l’hydroxychloroquine), n’a pas amélioré les résultats cliniques. Les taux de survenue d’évènement indésirable n’étaient pas significativement différents entre les deux groupes.
4. Hydroxychloroquine utilisée en prévention du COVID-19 :
  • Le 04 juin 2020 (Boulware et al, 2020, NEJM) : Il s’agit d’une étude nord-américaine randomisée, en double-aveugle, contre placebo, qui a pour objectif d’évaluer le rôle de l’hydroxychloroquine dans la prévention de la COVID-19, chez les patients à risque. 821 sujets sains asymptomatiques ayant été en contact avec une personne contaminée ont été répartis en deux groupes, l’un recevant de l’hydroxychloroquine et l’autre un placebo, administrés dans les 4 jours après l’exposition et avant que les symptômes ne se développent. A la fin de l’étude, il n’y avait pas de différence significative entre les proportions de patients développant la COVID-19 de chacun des deux groupes. En revanche, les patients traités par hydroxychloroquine ont rapporté plus d’effets indésirables (non graves) que le groupe placebo.
  • Le 30 septembre 2020 (Abella et al, 2020, JAMA Intern Med) : Il s’agit d’une étude randomisée, en double aveugle, contre placebo, ayant pour objectif d’évaluer l’efficacité de l’hydroxychloroquine dans la prévention de la transmission du SARS-CoV-2 chez les professionnel de santé travaillant en milieu hospitalier et exposés à des patients atteints de la COVID-19. L’essai a inclus 132 professionnels de santé dont 125 étaient initialement asymptomatiques et avaient des résultats de PCR au SARS-CoV-2 négatifs après écouvillonnage nasopharyngé. Les participants répartis en deux groupes, recevaient soit 600 mg d’hydroxychloroquine par jour, soit un placebo (bras contrôle). Il n’y a pas eu de différence significative des taux d’infections entre les participants ayant reçu de l’hydroxychloroquine et ceux ayant reçu le placebo. L’hydroxychloroquine n’a pas montré de preuve d’efficacité dans la prévention de la transmission du SARS-CoV-2. En revanche, les participants recevant de l’hydroxychloroquine ont présenté plus d’effets indésirables (principalement à type de diarrhées).Le 17 octobre 2020 (Rajasingham and al, 2020, Clinical Infectious Diseases, en attente de publication) : il s’agit d’une étude randomisée, en double aveugle, contre placebo, ayant pour objectif d’évaluer l’efficacité de l’hydroxychloroquine dans la prévention de l’infection au SARS-CoV2 parmi des professionnels de santé travaillant en service de réanimation ou d’urgence et exposés à des patients COVID positifs. L’essai a inclus 1483 professionnels de santé en excluant les sujets ayant ou ayant déjà été atteints de la covid19. Les participants étaient répartis en trois groupes, recevaient soit 400mg d’hydroxychloroquine une fois par semaine, soit 400mg d’hydroxychloroquine deux fois par semaine, soit un placebo (bras contrôle). Il n’a pas été retrouvé de différence significative dans la prévention de la transmission du SARS-CoV2 parmis les trois groupes.
  • Le 17 octobre 2020 (Rajasingham and al, 2020, Clinical Infectious Diseases) : il s’agit d’une étude randomisée, en double aveugle, contre placebo, ayant pour objectif d’évaluer l’efficacité de l’hydroxychloroquine dans la prévention de l’infection au SARS-CoV2 parmi des professionnels de santé travaillant en service de réanimation ou d’urgence et exposés à des patients COVID positifs. L’essai a inclus 1483 professionnels de santé en excluant les sujets ayant ou ayant déjà été atteints de la covid19. Les participants étaient répartis en trois groupes, recevaient soit 400mg d’hydroxychloroquine une fois par semaine, soit 400mg d’hydroxychloroquine deux fois par semaine, soit un placebo (bras contrôle). Il n’a pas été retrouvé de différence significative dans la prévention de la transmission du SARS-CoV2 parmis les trois groupes. Des effets indésirables non graves ont été rapportés chez 21% des patients dans le groupe contrôle, 31% dans le groupe traité une fois par semaine et 36% dans le groupe traité deux fois par semaine.
  • Le 5 novembre 2020 (Rentsch and al, 2020, Lancet Rheumatal) : il s’agit d’une étude observationnelle réalisée en Angleterre sur une cohorte de 194637 patients suivis pour un lupus systémique ou une polyarthrite rhumatoïde et traités ou non par hydroxychloroquine au long cours (depuis 6 mois au moins) dont le but était d’évaluer l’effet de l’hydrochloroquine sur la prévention de la mortalité liée à la covid-19. Cette étude n’a pas retrouvé d’effet positif ou négatif de la préexposition à l’hydroxychloroquine sur la mortalité liée au SARS CoV2 (0.23% de mortalité chez les patients sous hydroxychloroquine et 0.22% chez les patients non traités par hydroxychloroquine).
  •  Le 31 mai 2023 (Hong and al, BMJ Open) : il s’agit d’une méta-analyse d’essais cliniques randomisés se basant sur 5 079 professionnels de santé. Une méta-analyse est l’agrégation des données de plusieurs études scientifiques, qui a pour objectif d’apporter des résultats plus précis que ceux de ces études prises individuellement. Celle-ci ne met pas en évidence de diminution d’infection par SARS-CoV-2 chez des professionnels de santé traités en prophylaxie par hydroxychloroquine.

attentionQuels sont les risques liés à l’usage d’hydroxychloroquine en dehors des essais cliniques ?

Il est également important de rappeler que l’emploi de ces médicaments, surtout en association avec l'azithromycine, fait courir des risques d’effets indésirables graves, en particulier cardiaques. Plusieurs cas viennent d’être rapportés aux Centres Régionaux de Pharmacovigilance (CRPV). Voir les informations publiées par le réseau français des CRPV.

La méta-analyse d’essais cliniques randomisés d’Axfors et al. publiée en 2021 retrouve un risque de décès supérieur de 11% chez les sujets traités par hydroxychloroquine. Dans la méta-analyse de Hong et al. citée précédemment, il est retrouvée une augmentation de 35% de survenue d’effets indésirables dans les essais cliniques randomisés évaluant l’hydroxychloroquine en prophylaxie chez des professionnels de santé. Plusieurs méta-analyses actualisent régulièrement leurs résultats avec les données les plus récentes. Parmi celles-ci, le projet Covid-NMA retrouve une augmentation de 83% de survenue d’effets indésirables dans les essais s’intéressant à l’utilisation prophylactique de l’hydroxychloroquine. Pour plus de précision sur ces effets indésirables, il est possible de consulter le réseau français des centres régionaux de pharmacovigilance

Au total, l’ensemble des études permettent de conclure à une absence de bénéfice de l’hydroxychloroquine dans la prise en charge de la Covid-19. Elles montrent au contraire une augmentation de la survenue d’effets indésirables et de la mortalité hospitalière.

 Pour en savoir plus sur :
  • Les bases méthodologiques des essais cliniques : consultez la question #136
  • Les autres essais cliniques en cours sur les traitements du COVID-19 : consultez la question #020.
Références :

(Hydroxy)chloroquine, Les plus vues, Evaluation de nouveaux traitements

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