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#F024 Paracétamol au cours de la grossesse et risque d’autisme chez l’enfant à naître

De quoi parle-t-on ?

Du risque de développer un trouble du spectre autistique chez les enfants nés de mères ayant pris du paracétamol au cours de la grossesse.

Pourquoi a-t-on choisi d’en parler ?

Des allégations récentes ont soulevé le fait que la prise de paracétamol au cours de la grossesse pourrait être la cause un trouble du spectre autistique chez l’enfant à naître.

De nombreuses études observationnelles ont exploré un possible lien entre la prise de paracétamol au cours de la grossesse et la survenue d’un trouble du neurodéveloppement, notamment les troubles du spectre autistique et les troubles de l’attention. Bien que quelques études aient montré une faible association statistique entre la consommation de paracétamol au cours de la grossesse et le diagnostic d’autisme, leur interprétation est complexe. Dans ces études, la présence de facteurs non mesurés, tels que des facteurs génétiques qui sont au premier plan dans les troubles autistiques, est de nature à biaiser les résultats. Ainsi, lorsque ces études sont restreintes à l’étude de fratries, ces associations statistiques sont largement diminuées voire rendues nulles.

L’avis de la SFPT

A ce jour, aucun argument scientifique ne permet d’établir un lien de causalité entre la consommation de paracétamol au cours de la grossesse et la survenue d’un trouble autistique chez l’enfant à naître. Le paracétamol demeure le médicament de première intention pour soulager la fièvre ou la douleur au cours de la grossesse. A l’inverse, les alternatives telles que l’aspirine, l’ibuprofène et plus largement les anti-inflammatoires non stéroïdiens présentent des risques bien documentés pendant la grossesse et comportent des contre-indications.

Comme pour tout traitement autorisé pendant la grossesse, le paracétamol doit être pris à la plus petite dose efficace nécessaire et sur la durée la plus courte possible. Cette position fait consensus  parmi les sociétés savantes et autorités de régulation nationales et internationales [1–7].

Pour approfondir ...#F024 Paracétamol au cours de la grossesse et risque d’autisme chez l’enfant à naître

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#F024 Vaccination VRS chez la personne âgée

De quoi parle t’on ?

De la vaccination des personnes de plus de 75 ans contre le virus respiratoire syncytial (VRS), recommandée depuis 2024.

Pourquoi a-t-on choisi d’en parler ?

Le virus respiratoire syncytial est un virus humain transmis par aérosols, impliqué dans les infections respiratoires. Il entraîne environ 20 000 hospitalisations chaque année chez les personnes comorbides ou âgées de plus de 65 ans.

Depuis 2024, la Haute Autorité de Santé (HAS) recommande la vaccination contre le VRS pour les plus de 75 ans ainsi que pour les plus de 65 ans atteints de comorbidités cardiaques ou respiratoires.

Cette décision repose sur des études ayant démontré l’efficacité vaccinale contre les infections à VRS. Toutefois, son impact sur les hospitalisations ou la mortalité liée à ces infections restait jusqu’alors peu documenté.

De nouvelles études observationnelles (1,2) suggèrent une effectivité vaccinale en matière de réduction des hospitalisations dues au VRS aux États-Unis chez les plus de 60 ans, renforçant ainsi la recommandation vaccinale.

 L’avis de la SFPT

Sur la base de ces études récentes qui complètent les données d’efficacité sur l’infection, la SFPT recommande la vaccination VRS chez le sujet âgé de plus de 75 ans compte tenu du bénéfice de cette vaccination en termes de santé publique, à fortiori dans un contexte de tension hospitalière lors des pics infectieux hivernaux.

Des études complémentaires demeurent néanmoins nécessaires pour évaluer les bénéfices sur la mortalité ou sur la perte d’autonomie qui pourrait être associée aux infections à VRS chez le sujet âgé (3). La quantification du bénéfice dans les populations les plus fragiles (fortement comorbides ou de très grand âge) reste également à évaluer plus spécifiquement, compte tenu des risques plus importants d’une infection/hospitalisation chez ces patients.

Pour approfondir ...#F024 Vaccination VRS chez la personne âgée

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#F023 Mésusage et désinformation autour du bleu de méthylène

De quoi parle-t-on ?

Du mésusage et de la désinformation autour du bleu de méthylène présenté, sans base factuelle, comme remède miracle du cancer par plusieurs publications et médias destinés au grand public.

Pourquoi a-t-on choisi d’en parler ?

Le bleu de méthylène est présenté dans plusieurs journaux et livres destinés au grand public et relayés par les réseaux sociaux comme un remède miracle du cancer.
Le bleu de méthylène est un composé chimique, utilisé notamment dans le traitement de maladies touchant l’hémoglobine, les méthémoglobinémies.
En médecine, le bleu de méthylène est aussi utilisé comme colorant pour des analyses bactériologiques ou pour délimiter certains tissus lors d’actes chirurgicaux.
Des recherches expérimentales ont montré que le bleu de méthylène pourrait avoir une action sur des cultures de cellules du cancer de l'ovaire en raison de ses effets sur les mitochondries de ces cellules (1).  Cependant, la concentration en bleu de méthylène qui permet d’observer ces effets in vitro est de 50 micro-molaires (µM), soit plus de dix fois la concentration qui pourrait être obtenue par les doses utilisables chez l’homme.
Il convient de rappeler que dans son utilisation chez l’homme, le bleu de méthylène peut induire des effets indésirables graves incluant le décès.

 L’avis de la SFPT

En l’état des connaissances scientifiques, la SFPT recommande de ne pas utiliser le bleu de méthylène en traitement du cancer, et encore moins au détriment des traitements actuellement reconnus comme efficaces. La prise de bleu de méthylène entraîne des risques neurologiques importants et les doses qui permettent d’observer un effet in vitro sont incompatibles avec un usage clinique. Enfin, aucune étude clinique n’a montré de bénéfice lié à ce produit dans les cancers, par conséquent son rapport bénéfice/risque est défavorable dans ce contexte.

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#F022 Pas d’indication de la colchicine dans la prévention secondaire post-syndrome coronaire aigu

De quoi parle-t-on ?

De l’indication de la colchicine pour la prévention secondaire d’évènements cardiovasculaires aigus chez les patients ayant présenté un syndrome coronarien aigu.

Pourquoi a-t-on choisi d’en parler ?

La question de l’efficacité et la sécurité de la colchicine dans cette indication a été soulevée récemment par plusieurs études. Les résultats sont cependant hétérogènes, avec notamment la publication récente de de l’étude «  Colchicine in Acute Myocardial Infarction » (CLEAR) qui ne démontre pas de bénéfice de la colchicine chez des patients ayant présenté un infarctus du myocarde dans les 30 jours avant inclusion et durant un suivi médian 36 mois (1).

Cette dernière  étude  n’a pas démontré de supériorité de la colchicine dans la prévention secondaire de récidive d’infarctus, de mortalité cardiovasculaire, d’accident vasculaire cérébral ou de revascularisation coronarienne en urgence.

Il est important de prendre en compte le profil de sécurité de la colchicine (2), tout particulièrement chez des patients d’emblée fragiles en période aiguë post-infarctus. En effet, les différentes études évoquent des effets indésirables semblables dans les deux groupes (colchicine et placebo). Cependant on constate des différences importantes selon l’effet considéré. L’étude COLCOT (3) recense plus de cas de pneumonie (0.9% vs 0.4% ; p = 0.03), nausées (1.8% vs. 1.0%, P = 0.02) et flatulences (0.6% vs 0.2%, p = 0.02) dans le groupe colchicine, et ce de manière significative. Il existe également une augmentation non significative du nombre d’infections dans le groupe colchicine (2.2% vs 1.6%, p = 0.15)(2). L’étude CLEAR (1) retrouve une prédominance nette et significative des cas de diarrhées dans le groupe colchicine (10.2% vs 6.6% ; p < 0.001).

L’avis de la SFPT

Au vu de la littérature disponible sur ce sujet, la SFPT recommande de ne pas proposer l’introduction de la colchicine en prévention secondaire d’évènements cardiovasculaires majeurs après syndrome coronarien aigu.

Pour approfondir ...#F022 Pas d’indication de la colchicine dans la prévention secondaire post-syndrome coronaire aigu

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#F021 Ibuprofène et symptômes infectieux : des liaisons potentiellement dangereuses ?

De quoi parle-t-on ?

D’aggravation d’infections bactériennes à streptocoques suite à la prise d’AINS dans un contexte de douleur aigue non rhumatologique et/ou fièvre et/ou toux, et ce même en cas d’association à un antibiotique.

Pourquoi a-t-on choisi d’en parler ?

Le dernier rapport de Pharmacovigilance sur les infections bactériennes graves à streptocoque déclarées avec les AINS, réalisé par les CRPV de Tours et de Marseille a été présenté à l’ANSM en 2024 (CR mis en ligne) (1).

Cette actualisation a été demandée, en 2023, suite à la déclaration de 4 cas pédiatriques dont 3 décès liés à des infections à streptocoque A avec prise d'ibuprofène dans les 48h précédentes.

Ce rapport montre notamment que les infections bactériennes sévères représentent une part très importante des effets indésirables « graves » déclarés avec l'ibuprofène. De nombreuses déclarations de pharmacovigilance concernaient plutôt une population pédiatrique ou de jeunes adultes sans facteur de risque. Les patients présentaient des tableaux cliniques nécessitant le plus souvent une hospitalisation.

Compte tenu de la sous notification habituelle en pharmacovigilance, a fortiori pour une classe médicamenteuse ancienne, l’augmentation du nombre de cas « graves » de 2020 à 2023 dans un contexte de diminution des ventes est particulièrement inquiétant.

De plus, des données expérimentales particulièrement solides en soulignent le risque intrinsèque à travers l’effet des AINS sur l’amplification de la diffusion des streptocoques (2,3,4).

Dans un contexte de recrudescence réelle des infections invasives à streptocoques A dans les pays industrialisés et notamment en Europe (dont la France), la délivrance et la prescription d’ibuprofène, de kétoprofène et de fénoprofène pour la fièvre et/ou la douleur non rhumatologique est donc une pratique particulièrement à risque, même sur une courte durée, et même en cas d’association à un antibiotique.

Avec la mise en place des tests rapides d'orientation diagnostique (TROD)en pharmacie et de la délivrance possible d’antibiotique directement par les pharmaciens, sans prescription, en cas d’angine ou de cystite, ces nouvelles informations méritent être connues du plus grand nombre, afin d’éviter dans ce contexte, l’utilisation d’AINS, facteur aggravant de ces infections.

L’avis de la SFPT

 Sur la base des études expérimentales, des cas rapportés et des nombreuses études de pharmaco-épidémiologie, les données disponibles en 2024 sont en faveur du rôle aggravant de la prise d’un AINS, en particulier de l’ibuprofène utilisé dans un contexte de fièvre ou de douleur en présence d’une infection bactérienne  débutante  à streptocoque  (en particulier cutanée, ORL  ou pulmonaire), y compris lorsque l’AINS est associé à une antibiothérapie.

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