2.3 Raisonnement inductif ou raisonnement déductif , « HARKing »

     

Schématiquement deux types de raisonnement peuvent être distingués. Le raisonnement inductif et le raisonnement déductif. Ils n’ont cependant pas la même aptitude à produire des preuves (cf. dossier compagnon n° 4).

Le raisonnement inductif consiste à édicter une règle générale à partir de l’observation. Par exemple, conclure que l’aspirine à un effet hémorragipare à partir de l’observation d’accidents hémorragiques sous aspirine, ou conclure à un surcroit inattendu de cancer avec un sartan à partir d’une fréquence plus élevée d’occurrence de cancer dans le groupe traité par rapport au groupe contrôle dans un essai thérapeutique d’insuffisance cardiaque. La limite des résultats exploratoires provient du fait qu’ils sont issus par essence d’un raisonnement inductif.

Le raisonnement inductif produit des résultats exploratoires, qui doivent être confirmés par une approche hypothético-déductive avant d’être considérés

Le raisonnement déductif (hypothético-déductif) consiste à construire une expérience ad hoc à partir d’une hypothèse émanant de la théorie afin de vérifier si les résultats de l’expérience réfutent ou non cette hypothèse. La réfutation implique que la théorie est fausse et qu’elle doit être révisée. Si l’expérience ne réfute pas l’hypothèse, la théorie (l’hypothèse) en sort renforcée (jusqu’à la prochaine réfutation peut être). Le raisonnement hypothetico-déductif a une logique interne (modus ponens ) et permet l’établissement d’énoncés solides et généralisables note n° 14 .

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Figure 1 – Illustration de la démarche hypothético-déductive (adaptée d’après la réf. [51] )

Dans l’évaluation des médicaments cette distinction prend la forme de l’opposition entre les études/résultats exploratoires et les études de confirmation (cf. ICH E10).

Les essais de confirmation, qui sont entrepris spécialement pour vérifier une hypothèse préalable, respectent le raisonnement hypothético-déductif : cette approche hypothético-déductive permet de « confirmer » les hypothèses et d’obtenir des faits prouvés, afin de démontrer l’intérêt clinique d’un traitement

Beaucoup d’études observationnelles sont de nature purement exploratoire, entreprises sans réel objectif. Les résultats produits exposent donc au risque de découverte fortuite et sont, au mieux, générateurs d’hypothèse à confirmer dans des études ad hoc note n° 15 .

An observational post-licensure (Phase IV) study was conducted at Kaiser Permanente Northern California (KPNC), a US managed care organization, to assess the safety of zoster vaccine in people 60 years of age or older, vaccinated in routine medical care.

Methods: We performed a cohort study, comparing rates of clinical events resulting in hospitalizations or emergency department visits in a 42-day risk time period immediately following vaccination with rates in the same cohort in a subsequent comparison time period. The study data were reviewed and interpreted by an external safety review committee of 3 independent experts [52] .


[14] Dans une certaine mesure seulement car, en termes de logique formelle, il est impossible de démontrer la véracité de la théorie : si l’expérience corrobore l’hypothèse, celle-ci ne peut pas être qualifiée de « vraie » mais sa crédibilité ou sa crédence est renforcée.

[15] Cependant en raison de l’infodémie et de la production de masse de ce type de recherche, la vraisemblance de ces résultats devient de plus en plus faible et il convient de se poser la question du bienfondé de leur vérification pour éviter un gaspillage des ressources de recherche.