Dossier 11 – Les nouvelles méthodologies

1 Définition et classification des nouvelles « méthodologies »

2 L’acceptabilité des méthodologies « moins-disantes »

3 Retour des premières utilisations de nouvelles méthodologies

Références

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2 L’acceptabilité des méthodologies « moins-disantes »

     

Les nouvelles méthodologies représentent souvent des approches produisant des résultats de plus faible niveau de crédibilité que l’approche classique, la question de leur acceptabilité découle entièrement de la question du niveau des exigences demandées pour introduire un nouveau traitement dans la stratégie thérapeutique.

Jusqu’à présent un haut degré de certitude était exigé (« preuves au-delà de tout doute raisonnable ») et la méthodologie classique a été construite pour produire des résultats répondant à cette exigence. Pour prétendre atteindre le même niveau d’exigence, les nouvelles méthodologies basées sur des hypothèses simplificatrices ou des emprunts d’informations doivent alors apporter une démonstration complémentaire qui est celle de la validité de leurs hypothèses ou informations empruntées afin de lever les réserves méthodologiques sous-jacentes.

Si désormais, il était accepté collectivement que ce niveau d’exigence est excessif, contreproductif, car handicapant trop l’accès aux patients pour les nouvelles propositions thérapeutiques, et qu’il soit possible d’admettre un risque plus important d’accepter des traitements n’apportant pas les bénéfices escomptés ou un risque d’effets secondaires non maitrisé, les nouvelles méthodologies seraient alors susceptibles de produire des résultats d’un niveau de crédibilité compatible avec ce niveau d’exigence plus faible que dans la méthode classique.

Finalement, l’acceptabilité de méthodologies moins-disantes dépend directement de ce qui est attendu comme niveau de degré de certitude. La méthodologie est une ressource technique qui s’adapte au cahier des charges qu’on lui demande. La question de l’acceptabilité des nouvelles méthodologies basées sur des hypothèses simplificatrices ou des emprunts d’information revient donc en fait à la question du niveau de certitude attendue pour prendre la décision d’utiliser un nouveau traitement, autrement dit, du risque consenti d’effectuer cette décision à tort. Ce n’est pas une question méthodologique, mais plutôt une question politique.

Cependant une difficulté apparait, celle de savoir quel est le niveau de risque pris avec une méthodologie non optimale . Cette détermination n’est possible que s’il est faisable de comparer les résultats produits avec les nouvelles méthodologies et ceux obtenus avec l’approche habituelle. Peu de données de ce type sont actuellement disponibles.

Des données indirectes peuvent être trouvées dans l’étude des molécules en oncologie ayant eux un enregistrement accéléré par la FDA. Ces enregistrements ont été obtenus conditionnellement à la réalisation d’études de phase 3 classiques. Compte tenu maintenant du recul qui a permis d’obtenir les études de confirmation et du nombre substantiel d’indications accordées par cette voie, il est donc possible de comparer les résultats des 2 approches (ce qui ne sera plus le cas si cette obligation de réaliser les études de confirmation classiques disparait).

Aucune étude n’a cherché à estimer la proportion d’enregistrements accélérés accordées à tort. Cependant une liste de seize indications pour lesquelles l’étude de confirmation a été négative est disponible [6] montrant que ce cas de figure n’est pas rare. Pour l’instant il n’y a donc pas de validation empirique que les nouvelles approches assurent le même de niveau de fiabilité des décisions que l’approche classique. Cette constatation associée à d’autres éléments fait que cette approche d’enregistrement accéléré fait maintenant l’objet de nombreuses critiques qui seront discutées dans le chapitre suivant.