#F005 PharmacoFact de noël : traitements de la gueule de bois : infos et intox!

De quoi parle-t ’on ?

Du traitement de la « gueule de bois » que certains risquent d’expérimenter au cours de ces fêtes de fin d’année (1). https://doi.org/10.1111/add.15786

Pourquoi a-t’on choisi d’en parler ?

Ce tableau clinique souvent présent en fin de soirée arrosée à l’occasion des festivités se caractérise généralement par la présence de céphalées qui peuvent être parfois très intenses, parfois pseudo-migraineuses, associées à de nombreux troubles digestifs parmi lesquels nausées, vomissements, troubles du transit, le plus souvent diarrhées. Ces épisodes sont brefs, régressent généralement en 24h mais peuvent conduire à prendre des remèdes de charlatans qui peuvent faire plus de mal que de bien (1).
Le mécanisme de la gueule de bois est probablement multifactoriel avec une seule certitude : la déshydratation joue un rôle central du fait d’un effet diurétique de l’alcool qui inhibe la sécrétion de l’hormone antidiurétique vasopressine.
Il n’existe pas de traitement ayant démontré son efficacité. Les antalgiques niveau 1, en particulier le paracétamol sont modérément efficaces et doivent être pris avec prudence car ils peuvent avoir des effets indésirables (en particulier toxicité hépatique du paracétamol) accrus dans ce contexte.

Ce qu’en pense la SFPT :

Le seul traitement efficace est la prévention par un consommation d’alcool avec modération. La réhydratation est la pierre angulaire du traitement. Aucun remède autre que le paracétamol (avec les limites rappelées plus haut) n’a à ce jour fait la preuve de son efficacité dans la prise en charge thérapeutique de cet état de « gueule de bois » ! Comme toujours dans ce genre de situation, toute autre thérapeutique (médicamenteuse ou non) expose à un risque d’interactions pharmacocinétiques ou pharmacodynamiques (bien connues avec l’alcool !) (2) et d’effets indésirables, suivant l’adage populaire selon lequel « le remède est pire que le mal » !

Pour approfondir :

Ce qu’il est commun de dénommer « gueule de bois » est la conséquence le plus souvent d’une déshydratation en raison d’une modification de notre hydratation principalement centrée sur les boissons alcoolisées que nous partageons lors des fêtes de fin d’année, associée dans la plupart des cas à une modification de notre alimentation, une augmentation souvent très significative notre apport sodé qui nécessite de faire appel aux capacités d’adaptation de notre rein pour éliminer cette charge en sel qui ne peut s’éliminer autrement qu’en s’accompagnant d’une élimination d’eau le plus souvent non compensée. Il s’agit ni plus ni moins que d’un état de déshydratation, que les médecins appellent communément extra-cellulaire ou globale à l’origine de la majorité sinon la totalité des symptômes que nous ressentons.
L’hydratation (avec de l’eau) est donc la principale mesure à mettre en œuvre. Elle permet de corriger la déshydratation et la soif qui l’accompagne. Il n’a pas été montré de bénéfice de l'ajout d'électrolytes, l'organisme rétablissant rapidement l'équilibre électrolytique une fois que les effets de l'alcool s'estompent.
Dans un contexte d’alcoolisation aigue, le paracétamol n’est pas dénué de risque et peut conduire à d’hépatite médicamenteuse dont la mortalité est proportionnelle à la dose consommée et au terrain sous-jacent, sujet âgé, au sujet dénutri ou carencé notamment en glutathion, alcoolisme chronique (3). La dose initiale de 1 gramme ne sera éventuellement renouvelée qu’avec un intervalle minimum de 6 heures entre chaque prise.
Les anti-inflammatoires non stéroïdiens exposent à un risque non négligeable d’insuffisance rénale dite fonctionnelle dans un contexte de déshydratation (4) et peuvent avoir un effet gastrique majoré, ils sont donc à éviter dans ces situationsTous les autres traitements plébiscités dans la population générale, sur nombre de site internet ou réseaux sociaux aucun n’a fait la preuve de son efficacité, ils doivent donc être évités.
Enfin tordons le cou à tous les mythes, ni le café, ni les douches, ni la prise d’alcool le lendemain n’ont un effet démontré. L’ordre des boissons importe peu, c’est seulement la quantité d’alcool qui prime. 
Nous vous souhaitons à tous un très joyeux Noël et une très bonne fin d’année 2022 !!!

Références

  1. Roberts E, et al. The efficacy and tolerability of pharmacologically active interventions for alcohol-induced hangover symptomatology: a systematic review of the evidence from randomised placebo-controlled trials.  Addiction 2022; 117:  2157-2167. https://doi.org/10.1111/add.15786
  2. https://pharmacomedicale.org/pharmacologie/les-sources-de-variabilite-de-la-reponse-au-medicament/
  3. Rotundo L, et al. Liver injury induced by paracetamol and challenges associated with intentional and unintentional use. World J Hepatol 2020; 12(4): 125-36.
  4. Harirforoosh S, et al. Renal adverse effects of nonsteroidal anti-inflammatory drugs. Expert Opin Drug Saf 2009; 8(6): 669-81.

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