Le SARS-Cov2 se transmet principalement entre personnes physiquement proches, soit par microgouttelettes aéroportées, soit par diffusion de particules en suspension dans un milieu peu ventilé. Pour entraîner une infection, ces gouttelettes ou particules, provenant des voies aériennes et contenant le virus, doivent pénétrer les muqueuses en nombre suffisant au niveau des yeux, du nez ou de la bouche. Il existe également une transmission par contacte avec une surface portant le virus (le plus souvent par l’intermédiaire des mains), ce dernier mode de transmission reste peu représenté grâce au temps faible de survie du virus hors du corps, il est d’ailleurs facilement prévenu par le lavage des mains et l’application de gel hydroalcoolique.
Les données précliniques chez des singes exposés au vaccin Moderna (MRNO-1273), ont montré qu’après inoculation du virus par voie nasale, l’élimination virale des voies aériennes est rapide en moins de 2 jours et suggèrent un effet de la vaccination sur la réduction de la transmission chez l’homme. [1]
La vaccination des parents (Vaccin Pfizer /BNT162b2) réduit le risque d’infection des enfants non vaccinés vivant au foyer lors de la circulation du variant alpha 71.7% pour le variant alpha et 58.1% pour le variant delta. Bien qu’il soit toujours difficile d’éviter les biais dans ce type d’étude, les résultats sont nettement en faveur d’une réduction de la transmission grâce à la vaccination, ce d’autant que les possibilités de transmission en dehors des parents sont nombreuses, notamment à l’école ou par la fratrie. [2]
Plusieurs autres études aboutissent aux mêmes conclusions. Une étude écossaise faite entre décembre 2020 et Mars 2021 a montré une diminution de 68% de la transmission du virus aux membres du foyer d’un professionnel de santé ayant reçu 2 doses de vaccin Pfizer (BNT162b2) ou AstraZeneca (ChAdOx1 nCov-19) [3]. Ou une étude anglaise portant sur les risques d’infection de personnes non vaccinées vivant avec des personnes infectées mais ayant reçu au moins une dose de vaccin Pfizer (BNT162b2) ou AstraZeneca (ChAdOx1 nCov-19) entre Janvier et février 2021. Les résultats montrent une diminution du risque relatif d’infection de 40 à 50% à partir de 2 semaines suivant la vaccination, quel que soit le vaccin [4]
Enfin, un article paru en février 2022 a montré la réduction conjointe de la transmission et de la réduction de la charge virale en fonction du statut vaccinal des adultes infectées et de leurs contacts. La diminution du risque relatif d’infection par un patient vacciné par deux doses de BNT162b1 (Vaccin Pfizer) de 68% par le variant Alpha et 50% par le variant Delta. A ces résultats s’ajoutent un net effet de la vaccination sur la charge virale, même s’il est moindre chez les patients infectés par le variant Delta, mais cela n’explique que partiellement la diminution de la transmission. La réduction de la transmission est maximale lors que les cas et les contacts sont tous les deux vaccinés par 2 doses, avec une réduction du risque relatif d’infection chez les patients vaccinés par le vaccin Pfizer de 85% pour le variant Alpha et de 81% pour le variant Delta. (60% et 58% respectivement avec 2 doses du vaccin AstraZeneca), cependant cet effet s’atténue avec le temps ce qui justifie la dose de rappel [5]. En période omicron, la vaccination, l'infection antérieure seule et la vaccination et l'infection antérieure réduisent le risque de transmission de l'infection d'un cas index de 22 % (6-36 %), 23 % (3-39 %) et 40 % (20-55 %), respectivement dans un milieu carcéral [6]. L’effet de réduction de transmission est plus important si la dose de rappel est récente.
Ces résultats nous permettent de retenir un effet incontestable de la vaccination à jour sur la transmission du SARS-Cov2 et de proposer des stratégies de cocooning pour protéger les plus fragiles non éligibles (nourrissons) ou chez qui la vaccination est moins efficace (immunodéprimés…)
Références
- Corbett KS, Flynn B, Foulds KE, Francica JR, Boyoglu-Barnum S, Werner AP, et al. Evaluation of the mRNA-1273 Vaccine against SARS-CoV-2 in Nonhuman Primates. New England Journal of Medicine. 2020 Jul 28; https://www.nejm.org/doi/full/10.1056/NEJMoa2024671
- Hayek S, Shaham G, Ben-Shlomo Y, Kepten E, Dagan N, Nevo D, et al. Indirect protection of children from SARS-CoV-2 infection through parental vaccination. Science. 2022 Jan 27; https://www.science.org/doi/10.1126/science.abm3087
- Shah ASV, Gribben C, Bishop J, Hanlon P, Caldwell D, Wood R, et al. Effect of Vaccination on Transmission of SARS-CoV-2. New England Journal of Medicine. 2021 Oct 28;385(18):1718–20. https://www.nejm.org/doi/full/10.1056/NEJMc2106757
- Harris RJ, Hall JA, Zaidi A, Andrews NJ, Dunbar JK, Dabrera G. Effect of Vaccination on Household Transmission of SARS-CoV-2 in England. New England Journal of Medicine. 2021 Jun 23; https://www.nejm.org/doi/full/10.1056/NEJMc2107717
- Eyre DW, Taylor D, Purver M, Chapman D, Fowler T, Pouwels KB, et al. Effect of Covid-19 Vaccination on Transmission of Alpha and Delta Variants. New England Journal of Medicine. 2022 Jan 5; https://www.nejm.org/doi/full/10.1056/NEJMoa2116597
- Tan ST, Kwan AT, Rodríguez-Barraquer I, Singer BJ, Park HJ, Lewnard JA, et al. Infectiousness of SARS-CoV-2 breakthrough infections and reinfections during the Omicron wave. Nature med Jan 23 https://www.nature.com/articles/s41591-022-02138-x